Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/334

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aux étrangers vaincus. Mais en 1815, ceux-ci prirent leur revanche ; la France envahie fut à son tour condamnée à un milliard de contributions ; et il n’est que juste de reporter sur le premier Empire une partie de la dette actuelle. C’est la fantaisie d’unité qui a creusé, depuis cinq ans, en Italie, cet effrayant déficit qui, d’après tous les calculs, porte la dette péninsulaire à cinq milliards ; c’est la fureur d’union qui, en moins de temps encore, aura créé dans la grande république américaine une dette que certains financiers portent à 16 milliards, pour les États du Nord seulement. Ajoutez-y la dette du Sud, et vous ne serez certainement pas éloigné de 20 milliards.

Le système dynastico-bourgeois, qui, dans les grands foyers de civilisation, a créé cette dette formidable ; qui aime à se décorer lui-même du titre de parti de la conservation et de l’économie, a-t-il du moins la volonté, ou seulement l’espoir, de rembourser un jour cette dette ? Et comment compte-t-il y parvenir ?

La réponse à cette question doit être méditée.

En premier lieu, il est de principe dans le monde conservateur, dynastico-bourgeois, qui a pour devise Ordre et Liberté, qu’un grand État ne peut exister sans une dette publique, plus ou moins considérable. Cela semble tellement en dehors des notions d’économie vulgaire et du sens commun, qu’on est tenté de prendre la proposition en pitié, ainsi que font bon nombre d’économistes. En y regardant de plus près, on s’aperçoit bien vite que la chose est beaucoup plus raisonnable qu’il ne semble. La dette publique, consolidée, flottante, viagère, dans un État comme la France, l’Angleterre, l’Italie unifiée, l’Au-