Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/362

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tions de Charité, dont le Manifeste des Soixante a déclaré qu’elles avaient fait leur temps et que le peuple n’en voulait plus. D’où il suit que le Gouvernement, qui donne gratuitement, comme M. Jules Simon le réclame, l’instruction primaire à tant de milliers de pauvres enfants, n’est qu’un distributeur d’aumônes ; que, s’il s’agit seulement d’apprendre, de gré ou de force, tant bien que mal, à lire, écrire, compter, réciter les patenôtres, à quelques millions de pauvres enfants, le Gouvernement pourrait fort bien se décharger de ce soin et laisser faire les sociétés de bienfaisance, les curés, sœurs de charité, frères de la Doctrine chrétienne, unis aux Conseils municipaux. Mais nous touchons ici une incompatibilité d’un autre genre : un Gouvernement à grande centralisation ne peut laisser rien faire en dehors de son initiative, pas même l’enseignement de la Croix de par Dieu, pas même l’aumône. C’est tout un État dans l’État que les Sociétés de Saint-Vincent, les sociétés de secours, les écoles de charité, les presbytères, les fabriques, et les Frères !…

On nous accuse parfois, nous autres socialistes, de ne servir que du réchauffé. Mais qui donc a inventé l’enseignement gratuit, la charité de l’enseignement, sinon les prétendus libéraux, plagiaires de l’Évangile, qui le premier donna mission aux apôtres de prêcher et d’enseigner les nations, sans se préoccuper du paiement ? En y ajoutant l’obligation, ces prétendus libéraux manifestent leur humeur despotique ; ils rétrogradent au delà des premières communautés chrétiennes.

Quels sont donc les principes fondamentaux de l’enseignement dans une société justicière, mutuelliste et libre ?