Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que comportait la hiérarchie féodale présentement en train de se reformer, et dont la propriété païenne s’accommodait elle-même ; c’est une éducation sérieusement libérale, à la hauteur du suffrage universel, et qui concoure, avec les institutions de mutualité et de garanties, avec l’association ouvrière et la fédération des communes et provinces, à entretenir un certain niveau entre les corporations, les conditions et les fortunes. Hors de là, l’enfant envoyé aux écoles ne sera toujours qu’un jeune serf dressé pour la servitude, au mieux des intérêts et de la sécurité des classes supérieures : or, nous voulons des travailleurs civilisés et libres.

Cherchons donc, en gros, ce que devrait être et ce que coûterait, dans la France démocratique et régénérée, l’enseignement. La solidarité la plus intime, ainsi qu’on s’en convaincra tout à l’heure, existant, pour ce grand intérêt, entre les provinces et communes, j’établis mon calcul, non sur une commune, prise pour modèle, mais sur la France entière.

Je suppose la population des quatre-vingt-neuf départements de l’Empire parvenue au chiffre de 40 millions d’âmes : en comptant les étrangers non recensés, elle n’est pas de beaucoup au-dessous.

Sur ce nombre, 8 millions, peu plus peu moins, de l’âge de sept ans révolus à celui de dix-huit ans révolus, sont appelés à fréquenter les écoles. C’est de ces 8 millions d’enfants et adolescents des deux sexes, partie la plus intéressante de la nation, qu’il s’agit de faire des sujets intelligents, instruits, laborieux, honnêtes, capables de devenir à leur tour de dignes fondateurs de famille,