Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

industrielle appelle effrontément ses libertés ! Je choisis pour cette démonstration les grandes conquêtes de la féodalité nouvelle : le libre-échange et la liberté des coalitions.

L’Opposition a laissé passer les débats sur le traité de commerce sans demander une seule fois la parole : elle s’est bornée à voter silencieusement avec la majorité contre M. Pouyer-Quertier et ses adhérents. Elle est convaincue in petto, cette brave Opposition, que le Gouvernement impérial, en signant le traité de commerce, a bien mérité du pays, et elle lui envie cette initiative ; mais il lui en eût coûté de faire connaître à cet égard ses sentiments. Un député de l’Opposition croirait trahir son mandat en rendant, à l’occasion, justice au Gouvernement avec la même énergie qu’il l’accuse : ainsi sont faits ces quêteurs de popularité, ainsi procède leur politique.

J’ai regretté que l’Empereur, avant de s’engager dans une voie qu’il ne connaissait point, où sa religion ne pouvait manquer d’être trompée, n’eût pas cru devoir mettre à l’ordre du jour de la France entière cette question du libre-échange, en proposant un grand concours, dont les documents publiés eussent servi à former l’opinion du pays et celle du Corps législatif. J’aurais entrepris de traiter ce sujet, comme je l’ai fait pour l’impôt, la propriété littéraire, le principe fédératif, le droit de la guerre et les traités de 1815 ; et le cœur me dit qu’entre le charlatanisme des uns, la présomption des autres et l’ignorance de presque tous, j’aurais peut-être réussi à épargner à une nation un acte politique que la postérité appréciera avec la même sévérité que tous ceux du même