Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dage de sophismes sur lequel de présomptueux tribuns ont cru pouvoir établir une législation imprudente, qu’il me soit permis d’adresser quelques paroles de franchise à la Démocratie travailleuse. Surprise dans son ignorance par le projet de loi, pauvre, mécontente, facile à passionner et à séduire, elle n’a pas eu le temps de se consulter, et s’est laissé prendre à l’appât d’une rectification de salaires ; là est aussi son excuse ; qui aurait la cruauté de jeter le blâme à toute une multitude qui se croit, non sans raison, lésée, et qui a faim ?

Mais, a dit la Sagesse antique, la Faim est mauvaise conseillère, malesuada fames ; et tout ce que nous avons dit jusqu’à présent de la loi de coalition serait, il faut le reconnaître, de peu d’effet sur l’esprit des masses, si nous ne leur en dévoilions en même temps les funestes conséquences.

Dans l’état actuel des choses, les prix et salaires n’ont qu’une seule garantie d’équité, la liberté des transactions, vulgairement la concurrence. Cette garantie, nous l’avons démontrée insuffisante ; et c’est parce que tous producteurs, échangistes, consommateurs, ouvriers et maîtres, ont le sentiment de cette insuffisance, qu’ils se laissent aller à des actes de déloyauté réprimés par la loi, tels que accaparement, agiotage, coalition, etc. ; mais actes dans lesquels il existe presque toujours, à côté du principe d’iniquité et de mauvaise foi, un élément de justice, ainsi que nous l’avons fait remarquer dans la coalition des exploiteurs houillers de la Loire, puis dans la contre-coalition des ouvriers. Telle est l’origine de la contradiction que nous avons signalée aussi bien dans la loi