Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/449

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vait les conduire à la manifestation la plus efficace de ces idées.

Les classes ouvrières ont des intérêts distincts de la bourgeoisie. Elles doivent avoir une politique distincte de la politique bourgeoise.

Le suffrage universel n’est une vérité, une réalité, que s’il se prête à la manifestation régulière de cette diversité d’intérêts et de politique.

La légalité politique, c’est cela, précisément cela ; ce n’est pas autre chose. Elle ne peut consister que dans cette balance, cette pondération, cette juste proportion à établir, au moyen de l’organisme électoral, entre toutes les forces qui doivent coexister, sans se confondre, dans la société.

En France, dans l’état actuel des choses, avec les complications du système électoral, à défaut des garanties qui assurent le mieux la préparation sérieuse de l’élection, en l’absence d’une presse vraiment indépendante, en présence de la doctrine qui fait un devoir au gouvernement de ne point abandonner le suffrage universel à sa spontanéité, les classes ouvrières ne sont pas en mesure de donner une expression positive à leurs idées ni à leurs intérêts.

Elles ne peuvent manifester leurs idées et leurs intérêts que négativement.

Elles ne peuvent se faire prendre en considération qu’en refusant leur participation directe à une politique qui ne leur permet pas de produire nettement leurs prétentions.

S’il convient qu’elles votent, pour prouver qu’elles tiennent à leur droit de suffrage, il faut que leur vote soit