Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/47

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est convaincue que le Peuple travailleur poursuit des espérances chimériques, que le suffrage universel, avec ses candidatures ouvrières, est fou ; elle ne voit pas à un pied de son nez. Elle n’a ni plan ni idée supérieure et commune, et on peut la défier d’en formuler une. Opposition sur quoi ? À propos de quoi ? Qui le saurait dire ? Vous parlez des dépenses : c’est article de budget, matière d’administration, de pratique ; et il s’agit d’émanciper le travail. Aucune pensée positive, mère, ne ressort de l’assemblage de ces seize noms : ce n’est ni une affirmation, ni une négation, ni une objection, ni une pétition, ni une sommation. Ce sera, si vous voulez, de la critique de détail à tous les points de vue, à la volonté de chaque député ; au fond néant. Dans la langue politique, le citoyen élu par le suffrage universel est mandataire, les électeurs sont dits commettants. Or, où est ici le mandat ? Il n’y en a pas : les députés ne pourraient pas même produire un blanc-seing. Comment d’ailleurs sauraient-ils ce qu’a voulu, ce qu’attend d’eux le commettant, quand le commettant lui-même, dans le travail d’éclosion de sa pensée, ne le sait pas encore ?…

Donc, en raison composée et de leur mandat purement fictif, et de leur serment très-explicite, et de leur antipathie pour la révolution sociale, les députés de l’Opposition, parlant un peu de toutes choses, de omni scibili, ne représentent rien, ne signifient rien, ne savent rien. Faits à l’image de l’Empereur, leur souverain, mais se refusant à n’être vis-à-vis de lui, comme l’implique la Constitution de 1852, que de simples auxiliaires, des conseillers bénévoles, aspirant au contraire à être tout, ils ne sont littéralement rien ; à moins qu’on n’en fasse des conspirateurs, ils échappent