Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/73

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meilleure application des règles de la justice et de l’économie, on ne pouvait pas faire cesser cette division dangereuse, en ramenant les deux classes nouvelles à une seule, parfaitement de niveau et en équilibre ?

Cette question, qui n’est pas nouvelle pour les philosophes, devait surgir parmi les classes ouvrières le jour où une révolution politique les mettrait, par le suffrage universel, de niveau avec les classes bourgeoises, où elles apercevraient ainsi le contraste de leur souveraineté politique avec leur état social. Alors, et seulement alors, par la position de cette grande question économique et sociale, les classes ouvrières pouvaient arriver à la conscience d’elles-mêmes ; elles devaient se dire, comme il est dit dans l’Apocalypse, que celui qui a le règne doit en avoir les avantages, Dignus est accipere divitiam, et honorem, et gloriam ; elles poseraient leur candidature à la députation et leur prétention au gouvernement. Voilà comment la plèbe travailleuse a commencé depuis seize ans de s’élever à la capacité politique ; c’est par là que la démocratie française, au dix-neuvième siècle, se distingue de toutes les démocraties antérieures : le Socialisme, comme on l’a appelé, n’est pas autre chose.

Sur ce, qu’ont fait et qu’ont dit les Soixante ? Leur Manifeste est là qui en dépose : ils se sont placés dans la situation que les événements et le droit public leur avaient faite, et ils ont parlé de l’abondance de leur conscience d’ouvriers. Convaincus pour leur part que la question peut et doit se résoudre dans le sens de l’affirmative, ils ont fait observer avec modération, mais avec fermeté, que depuis assez longtemps cette question était écartée de l’ordre du jour, et que le moment leur semblait venu de la reprendre. À cet effet,