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servir de principe, de moyen et de sanction à la Justice ; faisant découler la Justice de son dogme, créant une église à l’effet de propager le dogme et d’y ramener incessamment la morale, la religion, dis-je, implique, dans l’âme du fidèle, la subordination de la Justice, à la foi, partant le mépris de la Justice. Car la Justice, de même que la religion, n’est rien si elle n’est tout : d’où cette conséquence, que comme la Justice s’étiole à l’ombre de la religion, tout de même la religion, sous l’autocratie de la Justice, s’évanouit. Les églises prétendues réformées en fournissent un exemple. Là, le dogme ayant été dissous par le libre examen, et l’enseignement de la morale ramené aux principes de la pure raison, le ministère évangélique n’est plus qu’un professorat humain, une école scientifique sans autorité, sans foi, sans religion. C’est ce que le cardinal Maury a parfaitement démontré, à propos de Massillon, dans son Essai sur l’éloquence de la chaire, quand il a fait voir par l’exemple de Bossuet, de Bourdaloue, de Fénelon et de tous les grands sermonnaires, que la morale ne pouvait être séparée du dogme, à peine de suicide pour l’Église et le christianisme.


CHAPITRE V.

Principes de la Révolution sur la répartition de la richesse. — Accord des lois de l’Économie et de la Justice : L’ÉGALITÉ.

XIX

Je vous ai dit, Monseigneur, comment m’étaient venus mes premiers doutes, tant sur la constitution économique de la société que sur l’explication transcendantale qu’en fournit l’Église. Je m’en vais à présent vous dire comment je suis arrivé à la découverte d’un principe qui,