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reurs, en offrent l’exemple. La France est à cette heure sur la même pente. Outre que le dernier recensement accuse un arrêt dans l’accroissement de la population, M. Legoyt, chef du bureau de statistique, a remarqué pour les années 1854 et 1855 une diminution considérable dans le nombre et la fécondité des mariages. L’école de Malthus n’a pas manqué d’applaudir à cette découverte. Pour peu que l’Académie des Sciences morales y donne ses soins, la luxure publique aidant, le concubinage stérile remplaçant le mariage prolifique, nous marchons aux destinées de la Rome impériale. Et telle est aujourd’hui la soif de volupté et la lâcheté des consciences, que je ne serais nullement surpris de voir la génération contemporaine repousser la Révolution, par ce seul motif qu’en établissant partout la Justice elle nous offre la perspective de nous rendre chastes.

En résumé :

Dans l’état de non-équilibre où vit la société, la balance n’étant faite nulle part, ni entre les produits, ni entre les services, ni entre les valeurs, ni entre les forces et les facultés ; l’inégalité des conditions et des fortunes étant la base de l’économie, l’injustice devenue systématique, le respect de l’homme aboli, il est fatal que la civilisation retombe sous la loi de l’instinct, en même temps qu’elle arrête la production de la richesse ; conséquemment, que la population tende, tout à la fois, d’un côté à dépasser la mesure du capital terrestre, de l’autre à s’accroître selon une progression plus rapide que les subsistances.

Pour réprimer ou neutraliser cette tendance, le statu quo économique étant conservé, il n’y a d’autre moyen, avec la famine, la peste, la guerre, l’infanticide, l’avortement, que le malthusianisme, c’est-à-dire la dépravation du mariage, ayant pour conséquence inévitable le concu-