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son mandat est de maintenir l’iniquité de l’économie sociale. D’ailleurs, toute chose devant avoir une fin, il ne s’agit plus ici de fonder, comme les prophètes le promettaient à David, pour l’éternité, mais de fournir une carrière suffisante et glorieuse. L’homme sage travaille-t-il à se rendre immortel ? Non, mais à vivre le mieux et le plus longtemps possible. Hors de là, point de politique, point de gouvernement, point de société.

Bien entendu que là où les moyens de droit sont de mise, l’homme d’État ne doit pas les négliger. — Il serait à souhaiter, dit Machiavel, que les choses pussent être toujours réglées par la Justice ; mais comme la chose est impossible, ce serait niaiserie de s’y astreindre.

Ainsi la théorie de Machiavel n’est pas double, comme on l’a cru : appuyée sur le droit pur, s’il s’agit d’une république ; fondée sur la raison d’État, s’il est question d’une monarchie. Dans tous ses ouvrages Machiavel est semblable à lui-même : c’est toujours la même politique, toujours la même déduction, basée sur la même hypothèse.

Machiavel eut la logique de son sujet, et, ce qui vaut mieux, ce qui fit son affreuse réputation et souleva contre lui tous les anathèmes, il en eut le courage.

Ce qu’Adam Smith et les physiocrates firent au dix-huitième siècle pour l’économie, la séparant avec soin de la politique et de la Justice, découvrant le fatalisme de ses lois, l’opposition du travail et du privilége, etc., Machiavel, deux siècles et demi auparavant, l’avait fait pour la politique, la séparant également de la Justice et de l’économie, et faisant de ses procédés une sorte de rubriquaire à l’usage de tous les pouvoirs, sans se préoccuper autrement de ce qui pouvait s’y rencontrer de moral ou d’immoral.

C’est ainsi que nous avons entendu Rossi dire : Autre