Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Après des mille ans d’un si terrible régime (l’inorganisme gouvernemental et féodal), une civilisation tout autre, lentement préparée, mais qui fait explosion comme un coup de tonnerre, éclate vers la fin du siècle dernier. Affranchie intérieurement, et vivant de la vie de l’esprit, l’humanité se relève de son long esclavage, prend possession d’elle-même, et, pour la première fois, rejette la domination de l’État. Ce fut un grand jour dans l’histoire du monde, un jour digne d’une éternelle mémoire, que celui où les législateurs de la première nation chrétienne, de la fille aînée de l’Église et de la civilisation, abjurèrent solennellement la base antique sur laquelle jusqu’alors avaient reposé les sociétés, pour ne leur reconnaître d’autre fondement désormais que la nature humaine et ses lois immuables. »


M. Huet parle comme un partisan de l’immanence, un vrai anarchiste. Seulement, comme Sosie dans l’Amphitryon, il prend son image pour Dieu : genre d’hallucination dont on ne guérit plus, quand, sous cette funeste influence, on a écrit un volume in-8o.

Il continue :

« Aux yeux du chrétien, la véritable origine des gouvernements ne saurait être autre chose que la corruption de notre nature, corruption qui ne vient pas de Dieu, mais de l’homme. Si notre race eût gardé sa perfection première, la vie sociale eût fleuri dans une liberté fraternelle, sans commandement, sans obéissance. (Règne social du christianisme, p. 73 et suiv.)


Et trois pages plus loin, cet estimable auteur se met à persiffler les anarchistes, dont l’unique tort est de fonder l’anarchie sur la Justice, la sincérité des comptes, la balance des forces et des valeurs, tandis que l’Église fonde la sienne sur des révélations !…

Mais fermons cette parenthèse.

XXV

Une chose est désormais avérée : l’Église, partant de la sainteté de Dieu et de la prévarication de l’homme, ne