Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/49

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Devant la puissance politique, elle plie et elle dure ; devant la philosophie, elle plie et elle dure ; devant la science, elle plie et elle dure ; devant la Réforme, elle plie et elle dure. Et elle durera tant qu’elle ne sera pas attaquée dans son fort, tant que la Révolution, élevant plus haut le débat, n’aura pas débarrassé la Justice de cette sanction divine qui la rend boiteuse et dont l’Église est le suprême représentant.


5. — Plan de cet ouvrage.


Le lecteur connaît maintenant le plan de ce travail.

La question pour moi est toute autre que ne la posent les mystiques. Au lieu de chercher quelle est, pour la justification et le bonheur de l’humanité, la meilleure des religions, je me demande si la Justice est possible avec aucune religion ? Et comme la Justice n’a jamais été exercée ni seulement conçue dans sa pureté et plénitude, qu’elle a été constamment mêlée, pénétrée de théologisme, je demande encore, après avoir constaté comment le droit se corrompt et périt par son union avec la foi, ce qu’il deviendrait abandonné à lui-même, ce que serait la société si, par un effort de conscience, elle se décidait à faire abstraction dans la pratique de ses conceptions religieuses, et de suivre la Justice toute seule ?

Ainsi je n’établis pas la controverse sur le dogme. Je laisse de côté le dogme et ne chicane point sur les articles de foi. Il se peut que tout ce qu’on raconte de l’essence de Dieu et du monde surnaturel soit vrai : qu’en puis-je certainement savoir ? rien. Sur quoi fondé puis-je le nier ? sur rien encore. Il se peut qu’au fond de mon cœur palpite un secret