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la nature ? Si l’égalité est de par la nature, elle est aussi de par le droit ; comment alors expliquer l’inégalité ? Si elle est contre la nature, en autres termes, si c’est l’inégalité qui est naturelle, que signifie la Justice ?

Qu’est-ce que le gouvernement parmi les hommes ? qu’est-ce que l’État et la raison d’État ? Si la raison d’État est conforme à la Justice, à quoi sert-elle ? Si elle est une exception à la Justice, qu’est-ce qu’une Justice sujette à tant d’exceptions ? L’ordre politique est-il la même chose que l’ordre économique ? se fondent-ils l’un dans l’autre ? comment et quand ? Questions formidables que la science académique n’aurait garde de soulever.

Qu’est-ce que la liberté ? Est-ce aussi un préjugé, ou plus simplement, comme l’explique la philosophie moderne, une manière de concevoir en nous la vie organique, la fatalité de la nature et de l’esprit ?

Qu’est-ce que le progrès ? Une évolution organique ou libre ? Si le progrès n’est que l’évolution des forces de l’humanité, c’est du fatalisme pur : il n’y a point de progrès, et dans ce cas comment expliquer tant et de si terribles décadences ? Si au contraire le progrès est l’œuvre de la liberté, comment s’accorde-t-il avec la nature de notre organisme, qui est fatale ?

Qu’est-ce que le mariage ? En quoi consiste cette union, que tous les peuples distinguent de l’union amoureuse ? L’Église, qui en revendique la consécration, avoue qu’elle ne l’a pas encore compris. Est-ce un simple concubinat légal ? Faut-il le ranger parmi les sociétés civiles ou de commerce ? Qu’est-ce que la