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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/197

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habite avec toi. » Et pour qu’il n’y ait pas de doute sur le motif de la loi, il a soin de rappeler qu’eux aussi, les nobles, à qui s’adresse particulièrement Jéhovah, ont porté le joug égyptien, et que c’est à la suite de cette servitude que Jéhovah, leur libérateur, a institué le sabbat ; Idcirco prœcepit tibi ut observares diem sabbati.

Les mêmes causes amènent partout les mêmes effets. On voit par un passage des Géorgiques de Virgile que dans l’ancienne Italie il y avait aussi des jours consacrés au chômage ; le poète va jusqu’à observer que la dévotion ne doit cependant pas empêcher de vaquer aux travaux de nécessité publique :

Quippe etiam festis quœdam exercere diebus
Fas et jura sinunt ; rivos deducere nulla
Relligio vetuit, segeti prœtendere sæpem,
Insidias avibus moliri, incendere vepres,
Balantûmque gregem fluvio mersare salubri.
Sæpe oleo tardi costas agitator aselli
Vilibus aut onerat pomis, lapidemque revertens
Incusum aut atræ massam picis urbe reportat.

(Georg., lib. I, v. 268-275.)

Tout le monde sait qu’en Russie la corvée existe encore, mais on l’a mitigée par une intercalation de jours de fêtes qui, avec les dimanches, font un total de quatre-vingts jours de chômage par année, soit à peu près sept dimanches par mois, ou, si vous aimez mieux, un dimanche, un sabbat, tous les quatre jours. Tel est le droit du serf des deux côtés de l’Oural. L’administration impériale ne s’écarte jamais de cette règle ; elle a grand soin d’indiquer dans son calendrier les jours chômés, sorte de boni pour les corvéables. (Le Play, les Ouvriers Européens.)

Ici, Monseigneur, permettez-moi d’interrompre la discussion pour un fait personnel.