Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/137

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circonstances ; mais toujours ils se résolvent dans l’insuffisance du salaire, comparé au besoin du travailleur. Citons seulement les plus généraux :

a) Le développement du parasitisme, la multiplication des emplois et des industries de luxe. C’est l’état auquel nous tendons tous, de toute la puissance de notre orgueil et de notre sensualité. Chacun veut vivre sur le commun, occuper une sinécure, ne se livrer à aucune industrie, ou obtenir de son service une rémunération hors de pair avec l’utilité publique, telle seulement que la fantaisie, l’opinion exagérée du talent, etc., la peuvent donner. Ces parasites, sinécuristes et ouvriers de luxe se comptent par centaines de mille.

b) Les entreprises improductives, inopportunes, sans proportion avec l’épargne. Ce que les citoyens sont dans la vie privée, il est inévitable que l’état le soit à son tour : les exemples de la Grèce ancienne, de Rome impériale, de l’Italie après la Renaissance, le prouvent. Ce qui est a remarquer ici surtout, c’est que les dépenses croissent comme les recettes diminuent, ce qui excite les déclamations des moralistes contre les arts, qu’ils prennent pour la cause du luxe, tandis qu’il ne faut y voir que ses instruments.

c) L’excès du gouvernementalisme, amené à son tour par toutes ces causes. En France, le budget prévu pour 1862 s’élève à 1,929 millions. Cela signifie que la nation, ne sachant pas se gouverner, paye pour être gouvernée un sixième environ de son revenu. Le logement coûtant aussi cher que le gouvernement, il ne reste que deux tiers pour l’entretien du mobilier, les vêtements, le chauffage, l’éducation et les subsistances.

d) L’absorption des capitales et des grandes villes, qui, de quelque côté qu’on les envisage, même comme centres de production, mais surtout de production de luxe, ne