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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/146

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jusqu’à la lettre de Napoléon III à son ministre d’état Fould sur la liberté commerciale, tous les changements politiques, économiques, religieux, qui ont agité les nations, peuvent se ramener à cette formule : Protection des masses travailleuses contre l’exploitation parasite, et garantie du minimum de revenu, soit pour le quart d’heure 1 fr. 75 c. par jour et par famille, contre l’incendie, la grêle, l’inondation, l’épizootie, les maladies, le chômage, les oscillations de la bourse, les crises financières et commerciales, les risques de navigation, etc., etc.

Toutefois, et bien que les faits ne permettent pas ici le moindre doute, examinons de plus près les agitations de cette grande période, 1789 — 1860.

En 1789, la révolution est faite contre le déficit causé par les dépenses de la cour, contre les droits féodaux, contre les priviléges des corporations, contre le parasitisme clérical, contre l’inégale répartition des charges, c’est-à-dire, contre un ordre de choses appauvrissant au plus haut degré. La nuit du 4 août fut la grande victoire de cette révolution : toute la philosophie du xviiie siècle aboutit là.

Après le 4 août, une réaction se manifeste au nom des idées religieuses et des institutions politiques, que la révolution avait autant maltraitées que les priviléges, mais dont elle respectait encore le nom et conservait l’image. Comme, dans l’opinion des masses, ces institutions et ces idées impliquaient le retour des anciens abus, on fit contre elles la révolution plus radicale de 93, consacrée dans le calendrier républicain par les fêtes sans-culottides. C’est ainsi que nous voyons l’Italie catholique et pontificale nier le pouvoir temporel du pape et risquer l’existence de l’Église et du catholicisme, plutôt que d’en supporter davantage les abus. Pour son pain quotidien le peuple sacrifie sa religion et ses dieux.