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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/158

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pulsé de la maison paternelle, et qui, pour échapper à la misère, forcé de se faire guerrier, pugnator, est devenu chef de brigands, à la façon de Romulus. Congregati sunt ad eum viri inopes et latrocinantes, et quasi principem sequebantur. Comme aux condottieri du moyen âge, il lui arrivait aussi, parfois, d’entreprendre des expéditions pour le compte de populations paisibles, insultées par leurs voisins. Chargé par les habitants de Galaad de combattre les Ammonites, avec promesse de la judicature sur tout Israël s’il réussissait, Jephté commence par envoyer une députation au roi des Beni-Ammon. Il faut lire ce monument de la diplomatie héroïque, pour comprendre à fond la guerre, et son droit, et ses misères.


« Qu’ai-je à faire avec toi, roi d’Ammon, dit Jephté, » pour que tu m’attaques et que tu ravages mon territoire ?

» A quoi le roi d’Ammon répondit : Ce territoire m’appartient ; Israël me l’a enlevé lorsqu’il monta de l’Égypte, depuis les confins d’Arnon jusqu’au Jourdain. Maintenant rends-moi ma propriété et vivons en paix. »

Le fait allégué par les Beni-Ammon était vrai : la portion de territoire en litige était une dépendance de leur État ; ils en poursuivaient, quoiqu’un peu tard, la revendication. A cela que réplique Jephté ?

« Non, il n’est pas vrai qu’Israël se soit emparé de la terre de Moab, pas plus que de celle des Beni Ammon. Voici ce qui est arrivé : Quand Israël sortit de l’Égypte, il voyagea par le désert jusqu’à la mer Rouge et vint à Cadès. Là il envoya des ambassadeurs au roi d’Edom, et lui dit : Laisse-moi passer par ton territoire. Le roi d’Edom ne voulut pas le permettre. Même demande