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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/284

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gonisme : c’est l’impôt, que le pauvre voudrait faire tomber exclusivement sur le riche, au moyen des taxes somptuaires, progressives, sur les successions, le capital, la rente, etc. ; et que le riche s’efforce de rejeter sur le pauvre à l’aide des taxes de consommation, proportionnelle, personnelle, industrielle, etc., etc.

Un tel régime ne peut durer : c’est l’égoïsme, l’improbité, le mépris de l’homme et des principes érigés en maximes et faits dieux. La critique a depuis longtemps fait justice de ces idoles, et nous savons ce qu’il en coûte de les adorer. Ce qui est certain au moins, c’est que la politique est désormais percée à jour, et que la guerre, si elle venait à se généraliser, laissant entrevoir sa véritable cause, ne serait qu’un retour au plus affreux cannibalisme. On en a vu un échantillon dans la manière dont a été repoussée l’insurrection de juin 1848.

En deux mots comme en cent, la guerre, même entre les nations les plus honorables, et quels que soient les motifs officiellement déclarés, ne paraît pas pouvoir être désormais autre chose qu’une guerre pour l’exploitation et la propriété, une guerre sociale. C’est assez dire que, jusqu’à la constitution du droit économique, aussi bien entre nations qu’entre individus, la guerre n’a plus rien à faire sur le globe. La politique dominée par l’économie, la juridiction de la force est provisoirement abrogée.

Non pas qu’on doive la méconnaître, cette juridiction, pas plus que le droit dont elle émane : tout au contraire, l’esprit moderne, étranger à la théologie, fatigué de métaphysique, avide d’idées positives, amateur des choses qui s’évaluent et s’escomptent, est à la glorification de la force. La force n’est-elle pas tout ce que le monde matérialiste adore, la richesse, le pouvoir, le crédit, la vie, la beauté ? N’est-ce pas le travail ? La guerre ne visait qu’au groupement et à l’équilibre des forces politiques ; il s’agit main-