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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/320

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justice : c’est moi, la Guerre, votre première institutrice et la plus grande de vos divinités, qui vous le déclare… »


Droit des gens, selon la guerre. — Inflexible dans sa logique, la guerre ne faut pas, dans l’application, à ses propres maximes. Nous avons vu au second livre de cet ouvrage comment, du droit de la force et du droit de la guerre, du principe supérieur que la justice est immanente à l’humanité, l’expression de sa liberté et de sa vaillance, se déduit le droit des gens. La guerre traite les nations, non pas selon les catégories arbitraires d’une législation fictive, mais selon leurs mérites positifs ; elle ne reconnaît de droit que là où il y a puissance et qualité de juridiction. Ni la nationalité, ni la légitimité ou l’antiquité, ni l’orthodoxie elle-même ne lui imposent : nationalité, légitimité, orthodoxie, devant la justice guerrière, sont des mots.

C’est en vain que la France aurait un instant, par son souffle, galvanisé l’Italie ; en vain que sous cette protection puissante les tronçons de l’antique peuple-roi se seraient de nouveau groupés en un état unique : si l’Italie nouvelle ne possède pas l’énergie de tempérament, la vitalité de conscience dont toute nation a besoin pour constituer sa souveraineté ; si sa politique est toujours celle de Machiavel ; si, pour contenir ses gouvernants, elle n’a d’autre moyen que le poignard ; si ses populations, superstitieuses et indisciplinées, sont réfractaires au service des armes, l’Italie n’a pas droit à l’existence politique. La nationalité italienne n’est rien de plus, comme on l’a dit, qu’une expression géographique ; tôt ou tard, si une révolution plus radicale ne la sauve, elle retombera sous la domination de l’étranger. La France elle-même, obligée d’intervenir une seconde fois, serait conduite à en faire le partage, de la même manière et en vertu du même droit que fut partagée au dernier siècle la Pologne… A Dieu ne