Aller au contenu

Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vilisation. Parler de les déchirer, c’est rétrograder de deux siècles.

Passons à l’application, et voyons ce qui depuis quarante-cinq ans a été fait.

En ce qui touche la France : C’est elle qui la première, après 1814, poursuivant sa rénovation sociale, interrompue par les victoires et conquêtes du grand empereur, a été appelée, par une disposition spéciale des traités de 1815, à jouir du système représentatif. Ce système n’a cessé de se développer chez nous jusqu’en 1852, où, pour des causes qu’il est inutile de rapporter, il fut tout à coup restreint aux institutions et libertés de 1804. A cet égard, on peut dire que les traités de 1815 ont été par nous déchirés. Est-ce de cela que la démocratie a entendu remercier Napoléon III ?… Quant à la surveillance dont le congrès de Vienne nous avait rendus l’objet, elle a cessé dès 1830 et 1831, d’abord par la conquête de l’Algérie, puis par la création du royaume de Belgique et la démolition des forteresses établies sur cette frontière, Courtrai, Menin, Philippeville, etc. C’est à la Restauration et au gouvernement de Juillet que revient l’honneur d’avoir opéré cette rectification des traités. Le gouvernement impérial en a opéré une autre par l’adjonction de Nice et de la Savoie : en quoi il serait permis de dire qu’il n’a pas eu la main aussi heureuse, si cette adjonction devait être compensée, du côté de l’étranger, par l’unité italienne.

Pour ce qui regarde les autres pays, nous voyons que les traités se fortifient de jour en jour, d’abord par la propagation du régime parlementaire, puis par la formation d’États, par des agglomérations et des alliances, qui assurent de plus en plus l’équilibre. Ainsi, se sont constituées, il y a quelques années, les provinces danubiennes ; ainsi, pour mieux contenir et l’Autriche et la France, tend à se former une Italie unitaire ; ainsi les divers États de la