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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/89

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« Si les droits d’une nation sont méconnus par une autre, dit M. Hautefeuille, si son indépendance est menacée, son honneur attaqué, sans qu’il lui soit possible d’obtenir une juste satisfaction par les voies amiables, son devoir est de recourir aux armes et de faire la guerre à l’injuste agresseur. Car une nation ne saurait laisser impunie une atteinte portée à ses droits, à son indépendance, à son honneur, sans reconnaître la supériorité de l’offenseur, sans cesser d’être son égal, et, par conséquent, sans se dépouiller des qualités essentielles de la nationalité. »


Et voilà l’orateur parti. Appuyé sur ces beaux considérants, M. Hautefeuille conclut, sa tirade finie, à la légitimité de la course. Je ne le suivrai pas dans son développement oratoire ; il me suffit d’avoir coupé, comme Phocion, son discours par le pied.

Concluons à notre tour, en nous appuyant sur les quatre articles. Si l’on abolit la course, si l’autorisation accordée autrefois à de simples particuliers d’armer en guerre et de faire la chasse aux bâtiments de commerce de l’ennemi est désormais supprimée, il faut suivre le principe jusqu’à la fin, déclarer sur mer et sur terre toutes les propriétés sacrées ; il faut que les vaisseaux de guerre des puissances belligérantes n’aient pas plus que les navires armés par les particuliers le droit de saisir les bâtiments de commerce l’une de l’autre. C’est l’observation qui a été présentée par l’ambassadeur des États-Unis au Congrès. Cette proposition n’a pas été admise. Le Congrès de Paris a bien voulu restreindre aux gouvernements seuls le droit d’exercer les hostilités ; il n’a pas voulu les priver du bénéfice éventuel des prises : en quoi il s’est montré inconséquent et illogique, et les États-Unis ont refusé leur signature.


12. Si l’accroissement d’un État peut devenir pour les