Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/113

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« Le monde a compris quelle a toujours été la destinée glorieuse de la Pologne, la mission à laquelle elle s’est toujours dévouée. Lorsqu’elle était vivante, la Pologne était le bouclier de la civilisation et du christianisme ; et lorsqu’après le partage on a cru l’avoir tuée, alors qu’elle n’était pas morte, qu’elle sommeillait... »

(Une rumeur terrible interrompt l’orateur : le peuple envahit la salle.) .......…...(Extrait du Moniteur universel.)


Le 22 février 1848, je me dirigeais le long du quai d’Orsay, du côté de la Chambre des Députés. Paris s’était levé comme un homme, la bourgeoisie à l’avant-garde, le peuple sur les derrières. L’opposition était frémissante, le ministère tremblant. Quoi ! l’Italie s’était réveillée, le Sunderbund était vaincu, les traités de 1815 déchirés, la Révolution avait repris en Europe sa marche glorieuse. Seule, la France se montrait réactionnaire !... Souvenez-vous, avait dit M. Thiers, que si nous sommes pour la monarchie de Juillet, nous sommes avant tout pour la révolution ! Un acte d’accusation allait être déposé, par M. Odilon Barrot, contre les ministres. En ce moment je rencontrai M. Wolowski. — Où allons-nous, lui dis-je, et que prétend M. Barrot ?…… — C’est précisément, me répondit M. Wolowski, ce que je lui demandais tout à l’heure : Mon cher Barrot, où nous conduisez-vous ?

À quatre-vingts jours de là, le citoyen Wolowski avait repris le rôle de M. Barrot. N’aurais-je pas eu le droit de lui dire : Mon cher Wolowski, où nous conduisez-vous ?

On sait le reste. L’Assemblée nationale fut littéralement enlevée, jetée à la rue. Pendant une heure, Paris crut avoir changé de gouvernement. Mais on ne sait pas aussi bien ce ce qui fit avorter la manifestation : c’est ce qu’il importe de faire connaître.

Déjà, sur le fond même de la question polonaise, les ré-