Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/311

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C’est en ces termes mêmes que la question s’était produite à l’Assemblée constituante, dans la séance mémorable du 20 février 1849.

Le citoyen Ledru-Rollin. — « Un fait capital, qui laissera une longue trace dans l’histoire, vient de s’accomplir en Italie. La République vient d’y être proclamée : le pouvoir temporel des papes y a été frappé de déchéance. C’est là, pour les amis de la liberté, une bonne nouvelle. » (Rumeurs et réclamations.)

L’orateur dénonce ensuite le projet d’intervention que les bruits de bourse attribuent au gouvernement, et demande « Si c’est pour ou contre la République romaine, pour ou contre le rétablissement de la puissance temporelle du pape que le ministère se propose d’intervenir. »

Le citoyen Drouyn de Lhuys, ministre des affaires étrangères. — « Le gouvernement n’admet pas de solidarité entre la République française et la République romaine... Ceci posé, je dis que la question est fort délicate, parce qu’elle présente la nécessité de la conciliation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Depuis qu’il y a dans le monde des âmes et des corps, c’est là le grand problème qu’on a cherché à résoudre. C’est la solution de ce problème que nous chercherons avec bonne foi, et avec le désir d’arriver à un heureux résultat. »

Le citoyen Ledru-Rollin. — « Il ne s’agit pas de concilier le temporel et le spirituel ; il s’agit de les séparer. Votre conciliation n’est qu’un cumul, c’est la confiscation de la liberté même. »

Les citoyens Poujoulat et Aylies. — « L’existence de la papauté est attachée à cette conciliation : toute la catholicité y est intéressée. L’intervention est un droit pour l’Europe, non pas catholique, mais chrétienne. »

Le citoyen Proudhon. — « La liberté passe avant la catholicité ! »