Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/377

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chie traditionnelle. Reviendrons-nous à la monarchie ?

Je veux ne tenir aucun compte des embarras inextricables qui peuvent résulter de la multiplicité des candidatures et de la compétition des dynasties. J’écarte cette question, toute de personnalités. À mes yeux l’opposition, autrefois réelle, entre l’empire et la légitimité, entre la royauté légitime et la royauté citoyenne, a disparu sous la pression révolutionnaire, et ne constitue plus une différence de système. Il est évident que le roi légitime serait tout heureux et tout aise de remonter sur le trône, à la condition de reconnaître les principes de 89 et de prêter serment à une Constitution, comme l’ont fait Louis XVI, Louis XVIII, et Louis-Philippe ; qu’ainsi la branche aînée ne se distinguerait absolument en rien, quant aux conditions de son rétablissement, de la branche cadette ; et pour ce qui est de l’empereur, il ne me paraît pas moins clair qu’il ne saurait accorder ou subir, comme l’on voudra, moins que l’Acte additionnel, c’est-à-dire, encore une Constitution. Au fond, ces trois hypothèses, que jusqu’en février on a pu croire disparates, sont tout-à-fait identiques ; et s’il était aussi aisé de réconcilier les hommes que les systèmes, la fusion serait bientôt faite. Là n’est pas pour moi la difficulté.

Je demande à quoi bon une monarchie, expression inévitable du juste-milieu, non-seulement politique, mais social, si elle n’apporte avec elle le moyen et la garantie de ce juste-milieu ? Car il ne s’agit pas aujourd’hui de recommencer une quelconque des trois dynasties déchues, en se replaçant soit à l’année 1830, soit en 1814, soit en 1804 ; il s’agit, pour la royauté restaurée, quelle qu’elle soit, le jour de son avènement, 1o de donner satisfaction à tous les griefs du Pays contre les d’Orléans, contre les Bourbons, contre l’Empereur ; 2o d’arrêter le développement de la féodalité mercantile et du prolétariat, par l’équilibre des forces économiques, et la constitution définitive de la classe moyenne.