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Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/362

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précëdemment acquis ; si nous prétendons même augmenter ce bien-être, il faut de toute nécessité que chacun de nous prenne sa part des dépenses que l’exploitation des dernières terres exige ; sans cela, celui qui au commencement se trouvait le plus riche, le propriétaire du terrain A, par exemple, serait bientôt devenu le plus pauvre. Donc, enfin, plus nous faisons de progrès en population et en richesse, plus aussi notre labeur s’aggrave. Je regrette de ne pouvoir donner une plus élégante formule à une proposition si vraie.

J’ai cité (ch. IV) comme preuve de l’accroissement du travail l’exemple des chemins de fer, où l’ou voit le travail servile se multiplier d’une manière effrayante. Je dirai un mot de ce qui se passe dans les mines.

Quoi de plus simple, de moins dispendieux en apparence, que de puiser la houille dans ces vastes dépôts que la nature semble nous avoir préparés comme une transition entre le combustible végétal et l’agent universel de chaleur et de lumière que la science n’a pu saisir encore, mais auquel il faudra bientôt que nous ayons recours, si nous ne voulons voir l’avenir se fermer devant nous ?… Or, à peine le travail a-t-il attaqué les premiers affleurements, une industrie, une science, organisée sur des proportions immenses, en jaillit tout à coup. Je ne puis entrer dans le détail des opérations immenses et compliquées que comporte une exploitation minérale : une simple nomenclature suffit à mon objet, On compté dans le personnel d’une mine : le directeur, l’ingénieur, les commis, le gouverneur, les piqueurs, traîneurs, pousseurs, toucheurs, chargeurs, boiseurs, réparateurs, cantonniers, remblayeurs, enchaineurs, palefreniers, mineure, sorteurs, receveurs de charbon, receveurs d’eau, machinistes, chauffeurs, ouvriers du plâtre, trieurs de pierre, manœuvres, employés au plâtre, charretiers, forgeurs et benniers, chargeurs de wagons, manœuvres, maçons et goujats. J’en oublie sans doute : je n’ai fait que prendre cette liste sur les états de sortie d’une mine de la Loire.

Or, ajoutez les industries qui prêtent leurs services pour le percement des puits, la confection des outils, le transport des matériaux employés à l’extraction et celui de la houille extraite ; songez que pour entretenir tout ce monde, devenu nécessaire par le manque de combustible, pour faire face à toutes ces dépenses et conserver le bien-être précédemment obtenu, il a fallu augmenter, dans la même proportion, le rendement agricole, industriel et commercial ; créer de nou-