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Page:Proust - À la recherche du temps perdu édition 1919 tome 10.djvu/317

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CHAPITRE QUATRIÈME


Brusque revirement vers Albertine. Désolation au lever du soleil. Je pars immédiatement avec Albertine pour Paris.


Je n’attendais qu’une occasion pour la rupture définitive. Et, un soir, comme maman partait le lendemain pour Combray, où elle allait assister dans sa dernière maladie une sœur de sa mère, me laissant pour que je profitasse, comme grand’mère aurait voulu, de l’air de la mer, je lui avais annoncé qu’irrévocablement j’étais décidé à ne pas épouser Albertine et allais cesser prochainement de la voir. J’étais content d’avoir pu, par ces mots, donner satisfaction à ma mère la veille de son départ. Elle ne m’avait pas caché que c’en avait été en effet une très vive pour elle. Il fallait aussi m’en expliquer avec Albertine. Comme je revenais avec elle de la Raspelière, les fidèles étant descendus, tels à Saint-Mars-le-Vêtu, tels à Saint-Pierre-des-Ifs, d’autres à Doncières, me sentant particulièrement heureux et détaché d’elle, je m’étais décidé, maintenant qu’il n’y avait plus que nous deux dans le wagon, à aborder enfin cet entretien. La vérité, d’ailleurs, est que celle des jeunes