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Page:Proust - À la recherche du temps perdu édition 1919 tome 6.djvu/11

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Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des « bonnes » la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s’interrogeait sur eux ; c’est que nous avions déménagé. Certes les domestiques ne remuaient pas moins, dans le « sixième » de notre ancienne demeure ; mais elle les connaissait ; elle avait fait de leurs allées et venues des choses amicales. Maintenant elle portait au silence même une attention douloureuse. Et comme notre nouveau quartier paraissait aussi calme que le boulevard sur lequel nous avions donné jusque-là était bruyant, la chanson (distincte de loin, quand elle est faible, comme un motif d’orchestre) d’un homme qui passait, faisait venir des larmes aux yeux de Françoise en exil. Aussi, si je m’étais moqué d’elle qui, navrée d’avoir eu à quitter un immeuble où l’on était « si bien estimé de partout » et où elle avait fait ses malles en pleurant, selon les rites de Combray, et en déclarant supérieure à toutes les maisons possibles celle qui avait été la nôtre, en revanche, moi qui assimilais aussi difficilement les nouvelles choses que j’abandonnais aisément les anciennes, je me rapprochai de notre vieille servante quand je vis que l’installation dans une maison où elle n’avait pas reçu du concierge qui ne nous con-