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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/140

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pêcher de penser : « Ce n’est pas une fillette, que diable ! » Même cette buverie, cette équipée nocturne, enlevaient décidément à Maurice ce qu’il pouvait avoir aux yeux de Nangès d’un peu trop « bon petit garçon », d’un peu bien « jeune homme bien élevé », — et il n’était pas loin de dire, comme le maréchal de sa batterie : « On n’est pas soldat quand on n’a pas fait ça ! »

Personne, à vrai dire, n’était moins moralisateur que le capitaine Nangès ; tout élan de la vie le trouvait indulgent et nulle chose ne le satisfaisait davantage que de rattacher un humble geste à l’ensemble harmonieux où il trouvait sa place en même temps que sa raison. En l’espèce, il était conforme à ses secrets désirs que le jeune apprenti se livrât aux manifestations ordinaires de la vie militaire, adoptât, les coutumes, si désordonnées qu’elles pussent être — par quoi il arriverait plus tard à saisir l’âme. C’était déjà un soldat, ce Vincent, point parfait, point mauvais. Non une exception, mais un brave garçon de soldat qui faisait comme ses camarades et vivait de leur vie, sans se hausser à mieux.

Ainsi ce petit événement de régiment était-