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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/16

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qui a scellé de son sang les idées dont il s’était fait l’apôtre suffit-elle à expliquer la faveur dont il jouit près des générations les plus récentes, lui l’aîné, lui le penseur d’avant-guerre ? Pas absolument.

Ernest Psichari est l’un des héros de la génération qui s’est si justement appelée « la génération sacrifiée », mais il est aussi, — et à ce point de vue ses écrits ont une valeur documentaire qui durera autant que notre histoire, — l’un des plus véridiques et des plus magnifiques témoins de l’évolution de la conscience française dans les années qui ont immédiatement précédé la redoutable tourmente. Car, — je ne suis pas le premier à en faire la remarque, — avant d’avoir donné sur le champ de bataille le témoignage de son sacrifice héroïque, la France avait donné celui de son renouvellement intérieur. Pauvres psychologues, historiographes ignorants, ceux qui, en France et à l’étranger, neutres ou ennemis, expliquent par la violence de la commotion et par la peur de la mort, le changement moral et religieux qu’ont manifesté à tous les yeux les années 1914 et 1915 ! Dès 1911, pour qui savait voir, il était évident ; Albert de Mun en avait tressailli de joie ; un peu plus tard, M. Paul Bourget, recevant M. Boutroux à