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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/195

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Lubin est venu en permission, il y a un mois. Le pauvre garçon est persécuté par son lieutenant. C’est horrible, ce qu’il nous a raconté. J’avais envie de pleurer en l’entendant. Et voilà que vous retournez content dans votre caserne, et encore que vous voulez partir aux colonies, me quitter, mon ami ! Car je le sais. On me l’a dit. M’aimeriez-vous assez peu pour me faire tant de peine ? Ah ! mon cher Maurice, dites-le-moi, que ce n’est pas vrai, qu’on a menti, jurez-moi que vous ne me quitterez jamais !

C’était une sorte d’ultimatum. Mais Maurice, un instant troublé, s’est repris. Son cœur est si simple que l’amoureux appel de sa compagne ne peut y jeter le désordre. Il se résout à la franchise :

— Oui, c’est vrai, je partirai, répondit-il gravement. Mais il ajoute :

— Que veux-tu ? C’est le métier qui veut cela, et c’est vrai, je ne m’en plains pas trop… Combien, à mon retour, serai-je plus digne qu’aujourd’hui d’être ton mari ! Je voudrais tant, Claire adorée, te raconter plus tard les belles choses que j’aurai faites !

Et ceci était encore un cri sincère. N’est-ce