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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/220

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cette minuscule réalité militaire d’un brave homme qui buvait son litre au lieu d’aller à la borne-fontaine. Ne trouvez-vous pas, Messieurs, que ceci vaut bien toutes vos idéologies ?…

Le lendemain, Nangès vit Maurice Vincent au quartier. La vue du jeune brigadier lui fit plaisir. Il était changé. Depuis quelques jours qu’il l’observait, il le trouvait plus ferme qu’avant, plus établi dans son métier, plus confirmé. Et, en effet, quelques heures passées à Crécy auprès de l’instituteur, son père, avaient plus fait pour sa sécurité personnelle que tous les discours qu’aurait pu imaginer Nangès. Enfin il était plus soldat. Il avait pris du pied. Il s’était mieux installé dans la maison.

Comme Nangès pensait à la conversation de la veille, il lui vint à l’idée que, si son vieux sous-officier avait su répondre à un hygiéniste, Maurice Vincent se chargerait bien, par sa seule mine, de répondre à un philosophe. Eh quoi ! vous élevez ce jeune homme dans le zèle humanitaire, vous lui apprenez l’exercice de la vertu pacifiste. Il est né aux temps mêmes des grandes abdications, des grandes défec-