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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/23

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L’APPEL DES ARMES

PREMIÈRE PARTIE

I

Bien qu’il eût dans sa vie contemplé beaucoup de paysages admirables, le capitaine Nangès aimait par-dessus tout ce petit coin de la Brie où le Grand Morin sinue à travers de pâles prairies, parmi des saules et des gaulis, en amont et en aval de la paisible petite ville de Crécy. C’est là qu’il avait pris coutume de venir oublier les fatigues de ses campagnes et de réapprendre la douceur des paysages de France. Nulle part, à son gré, il ne pouvait mieux achever la rêverie commencée dans le tumulte de l’Afrique ou la langueur de l’Asie, ni donner à cette rêverie une forme plus sincère et plus grave.

Dans ce canton de l’Île-de-France, c’est une