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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/25

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de sérieux, que pourtant il comprenait sans fatigue.

Ici la race est d’accord avec le paysage, sérieuse comme lui, ardente sans frivolité, sans élégances inutiles. Beauté tout intérieure, toute spirituelle. Certains soirs, on pense à Pascal, si français, quand il écrivait : « Certitude… Pleurs de joie. » Mais il y a plus de jeunesse ici, plus de verdeur.

Au fait, dans ces contrées, Timothée pouvait se dispenser d’admirer. Il était dans sa maison, chez lui. Là, son cœur parlait seul et les images ne comptaient plus. Son plaisir, c’était justement de ne pas admirer, et il comprenait alors la douceur de vivre. Partout ailleurs, il admirera ou il critiquera. Ici, point. Il respirait dans de la belle matière terrestre, dans une belle matière solide, confortable, où il était bien, il était à l’aise, il se sentait naturel et candide, parfaitement adapté.

Comme on approchait de la mi-octobre, Nangès avait quitté sa garnison de Cherbourg pour venir à Crécy tirer quelques perdrix et y mieux goûter ainsi les charmes d’un automne finissant. Il chassait en brave homme, en paysan, de gros souliers aux pieds, la pipe à la