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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/260

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d’autres dunes, derrière ces sables, d’autres sables que sillonnent de loin en loin de lentes caravanes silencieuses. Et c’est tout… Je vois encore une chevauchée de guerriers bleus. Puis rien, rien, absolument rien.

Son imagination s’amusait à suivre ce dix-huitième parallèle que — d’après la carte affichée à bord — le vaisseau franchissait en cet instant. C’étaient d’abord des syllabes douces qui chantaient dans sa mémoire : l’Ogol, l’Agan, l’Aouker… Il dépassait les cirques pierreux du Tagant, vers les sables du Hodh, et le Sahel des Mechdoufs. Il s’enfonçait dans le rouge désert, la Méraïa, le « miroir ». Puis c’étaient les ruines d’Araouan, les mornes pâturages de hâd, l’Adrar des Iforass. Puis rien… La terre se perdait dans une immensité rose et irréelle. Pendant des centaines de lieues, il voit encore des nomades qui dressent l’humble tente auprès des puits bibliques. Sur les cartes, quelques points figurent : Agadès, Bilma. Après, des gouffres de lumière dans les profondeurs de l’Est : le Tibesti, le Borkou, jusque là-bas, si loin, si loin, le Nil…

C’est la même terre. C’est cette vague de sable qui va mourir là : bas, la même, et la même