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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/264

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toutes ces images familières qui avaient presque pour lui l’amer parfum des souvenirs de jeunesse.

À Saint-Louis, dès qu’il fut sur le quai de la gare, il fut accaparé par ses camarades. Saint-Louis est déjà assez loin de la France, et les microbes que l’on respire dans nos villes n’y peuvent plus vivre. Nos vaines paroles, nos cris puérils qui sonnent faux, déjà on ne les entend plus. La foire aux vanités est loin. Si Nangès pensait ici à l’instituteur de Voulangis, ce serait la plus haute des bouffonneries. Mais il est content de retrouver de son pays quelque chose d’épuré et d’anobli. La compagnie de ses frères d’armes lui fait du bien.

Nangès a toujours aimé cette vieille ville, dont le nom seul lui est comme l’évocation d’un passé lointain. La manière en est plus française, moins cosmopolite, que de Dakar. Rien que ces rues bien alignées, ces maisons blanches aux angles droits, l’heureuse harmonie des proportions témoignent d’un goût, d’une mesure qui ne sont plus de notre temps. Au lieu que Dakar, avec ses torchis, et, çà et là, ses prétentions au colossal, son désordre