Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fatigue, la dure vie, austère et nue, — le foyer perdu.

Et voilà maintenant que le grand soleil vient inonder sa route. Aucun espoir ne lui est interdit désormais. Telle qu’il l’a faite, sa vie lui plaît, avec ses heurts, ses contrastes, ses tensions, ses détentes, ses extrêmes. Ce qui domine tout, c’est une jeune fierté de s’être asservi à son idée, contre sa maison et contre l’amour.

Enfant de France ! La servitude qu’il accepte, c’est celle que veulent tous ceux qui ne sont ni des marchands ni des banquiers. Être le domestique de son idée, ce n’est pas donné à tout le monde. La servitude militaire existe, comme existe la servitude du prêtre et comme existe la servitude du penseur. Mais il n’y a de libres au monde que ces esclaves.

Grandeur et servitude militaires ! Servitude plus noble encore que la grandeur, plus grande que la grandeur, immensurable, parce qu’elle ne peut se mesurer qu’avec l’idée même. Au lieu que la grandeur militaire peut se mesurer, qu’elle peut même se tarifer dans le monde, qu’elle peut être étalonnée, qu’il en existe le gabarit, le mètre étalon. Mais la grandeur de