Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se perd dans des jungles lointaines. Vers l’ouest au contraire, la vue est bornée par les arêtes fines et les dentelures du Tagant. Au pied du poste, se dressent les terrasses du ksar, toutes proches. Vers le nord et vers le sud, la palmeraie s’allonge ; c’est la verte oasis, la terre d’élection promise au voyageur. Mais il faut à cette immensité circulaire les lueurs d’un soleil qui s’éteint pour que tout s’arrange, prenne sa juste place et s’harmonise… Ce que Lamartine appelait « harmonie du soir »… Les troupeaux de moutons rentrent, conduits par le bergers aux jambes nues. La brise incline les têtes des palmiers. Et vers l’ouest, le spectacle est divin, infiniment reposant. Les rochers du Tagant font une fine découpure sur le fond du ciel, — mais ce n’est plus le ciel, c’est un éther impalpable et profond, si fluide et si léger que l’on s’étonne que l’œil n’aille point déjà jusqu’aux étoiles. On est las, fatigué de lumière, un peu nerveux. Il semble que vos nerfs tremblent un peu… Lassitude heureuse… On est ailleurs, quelque part, dans une planète perdue qui roule dans la perpétuelle lumière de son éther glacé. Mais j’entends la voix du capitaine Nan-