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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/40

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II

C’est à quoi pensait le capitaine Nangès, un matin du premier hiver, quelques jours après son retour à Cherbourg. Et comme il venait de quitter son lit, où dormait encore sa maîtresse, il faisait un retour assez triste sur l’amour idyllique, juvénile et campagnard.

Le jour naissait à peine. Nangès passa dans son cabinet de toilette, prit sa douche, se rasa et s’habilla rapidement. Puis il lissa sa moustache avec satisfaction et rentra dans la chambre. Il avait hâte d’être dehors, dans l’humidité tombante, les gouttes d’eau glacée qu’apportent les brises du large. L’odeur lourde de la pièce faillit l’écœurer. C’était ce même parfum des nuits d’amour, des draps humides de sueur et de verveine vénéneuse, toute l’odeur du désir et de la nuit… Les choses sont noyées d’ombre. Il semble que des années on a vécu dans cette prison, sans que jamais le jour y pénétrât. On a soif de lumière et de candeur…