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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/49

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Deux jours auparavant, il avait jugé l’âme de Maurice Vincent assez finement trempée pour supporter l’éclat des grandes lumières qui étaient en lui. Il aurait rougi de lui présenter une vérité affadie. Et puis, il comptait trop sur la jeune génération, il avait trop mis d’espoir en elle, et il la respectait trop pour la croire incapable d’ardeur.

Le capitaine remonta vers la grande cour. Le rapport était terminé et tous les officiers étaient partis. Il ne restait là que Labastière, le premier lieutenant de Nangès. Des canonniers passaient, portant des gamelles. Au loin, on voyait se dresser, comme des tours graciles, les mâts métalliques des vaisseaux de guerre.

Labastière s’approcha de Nangès. C’était un petit homme au teint cireux. Ses yeux clignotaient derrière le lorgnon… Il s’ennuyait en France et avait fait une demande de départ pour l’Afrique. Il ne se consolait pas de son inaction.

— Je renonce, mon capitaine, dit-il à Nangès. Ma demande n’a pas abouti. Voilà trois ans que je suis à Cherbourg ! Si les choses continuent de ce train, nous n’aurons plus qu’à passer dans la « guerre » !