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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/66

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tout court… Combien alors ses petites mièvreries sentimentales, par qui il avait voulu se donner le change à lui-même, devaient lui paraître insuffisantes ?

Claire Monestier était une fraîche enfant, simple et rieuse, assez peu romanesque, mais abandonnée à son cœur. Elle semblait goûter à plein le charme aigu des choses. La neurasthénie la plus tenace aurait trouvé près d’elle sa guérison. Avec cela, elle avait un sens pratique extraordinaire pour son âge, détestait ce qu’elle appelait les « complications » et, vêtue de robes courtes, raisonnait déjà comme une femme.

Elle ne s’attrista nullement des dispositions que lui marquait son futur. Elle se dit seulement que « les hommes étaient ainsi », et résolut de s’employer à le guérir. Ils firent ensemble plusieurs promenades.

Un jour, elle vint le chercher de bonne heure à la maison d’école. Il descendit, les yeux encore battus de sommeil, tout clignotants, les cheveux en broussaille.

— Je vous attends, grand paresseux. Nous irons en barque jusqu’au moulin. J’ai envie de « faire » l’église de la Chapelle.