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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/84

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blait devoir l’éloigner. Servat se rencontra avec Nangès, quand il lui dit :

— Je ne souhaite pas trop, mon cher ami, que cet enfant vienne à vous. C’est une erreur de considérer la profession comme une chose essentielle. Il portera ailleurs ces qualités qui vous le rendent charmant. Je vous accorde que l’armée est la meilleure école qui soit au monde, et surtout votre armée, si différente de l’autre, votre armée de soldats de métier, de gens d’armes pour qui la bataille est plus encore que la patrie, votre armée, la même que l’armée de Steinkerque et que l’armée de Malplaquet, les mêmes vieux grenadiers, qui sont aussi ceux de Sébastopol. Voilà l’école unique ! Mais très généralement, je pense que l’armée prend de plus en plus une place insigne dans notre société. Là, du moins, quelque idéal reste encore. La tradition de l’honneur, le désintéressement, toutes ces vieilles ficelles, ces vieux bateaux, finissent par devenir une réalité. Ce ne sont plus des motifs, ni des chansons, mais ce sont d’exactes réalités. Ce deviennent des réalités « scientifiques » ! L’armée, seule aujourd’hui, et malgré les efforts que l’on a faits, possède une tradition. Et