Aller au contenu

Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dait. Jadis ses maîtres n’avaient point entendu que ce cœur se donnât jamais. Mais voici qu’il était tout près de s’abandonner à la Règle austère de l’Afrique, austère et suave, suave par le dedans et austère par le dehors, ainsi que toute Règle. Deux jours avant qu’elle ne trouvât à Garaouel le repos de l’ombre, la colonne avait trouvé, à l’heure où les gorges sèches ravalent la salive, une mare entre les rocs, de celles que les Maures nomment « gueltas ». L’eau était noire, et pleine d’immondices, parce que des troupeaux de chameaux y avaient bu la veille. « Je bois toutes les eaux de l’Afrique avec délices, avait dit Maxence, car c’est ici, très loin des mensonges et des capitulades, que j’ai élu ma vraie patrie. Et cette eau, telle qu’elle est, je l’aime. » Voilà ce que le persuasif désert lui sifflait déjà aux oreilles.

Le jeune homme attendit, pour quitter