Aller au contenu

Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

de constructions neuves, mais surtout d’un très ancien monastère gothique qu’elle avait fait restaurer. Mon oncle, militaire de profession, qui était venu visiter l’Angleterre, après avoir passé vingt-cinq ans dans l’Inde, fit tout à coup la remarque qu’à ma place il se sentirait honteux d’être encore pendu aux jupons maternels. N’avais-je pas dix-huit ans ? Je répondis qu’il avait raison, mais que je ne pouvais rien y faire. Mes tuteurs avaient le droit absolu de régler mes dépenses jusqu’à ce que j’eusse atteint l’âge de vingt-un ans, et j’étais absolument certain qu’ils ne feraient rien pour encourager mon projet d’aller à Oxford, car ils avaient été en violente discussion avec moi à ce sujet. Mon oncle, personnage d’une activité infatigable, parla aussitôt à ma mère, à ce que je présume, car moins d’une heure après, je fus mandé devant elle. Entre autres questions, elle me fit celle-ci, qui avait un rapport important avec ce que je devais connaître d’Oxford, et avec la description que je veux en faire. Elle me dit en matière de préambule :

— Vos tuteurs continuent à me verser votre annuité de 100 livres pour vos frais d’éducation. À cette somme il m’est impossible d’ajouter quoi que ce soit, car vos sœurs m’occasionnent déjà un lourd sacrifice sur mes revenus personnels. Bref vous ne pouvez y compter. Mais naturellement, vous serez libre de passer ici, quoi qu’il arrive, toutes vos vacances d’Oxford, et de plus tout le temps où les règles de votre collège n’exigeront pas votre présence. Cela bien compris, vous convient-il d’accepter l’existence d’Oxford, avec une allocation aussi faible que 100 livres par an ?

Ma réponse fut un assentiment joyeux et em-