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Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/331

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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

tois, mais non sans quelque solennité, qu’avant de prendre une résolution définitive, Sa Seigneurie ferait bien de se demander si elle était prête à se soumettre entièrement à la discipline du collège, car autrement, il croirait de son devoir de déclarer franchement que son entrée dans ce collège ne serait point regardée comme un avantage pour cette société. Ce langage était motivé par de récents faits d’indocilité et de conduite désordonnée, auxquels s’étaient livrés plusieurs jeunes gens de haut rang. Mais il est bien possible que le comte, tout étonné de se voir accueillir par un langage aussi peu bienveillant, et tenu par un Tory, y ait vu une allusion détournée à la ligne politique qu’il suivait comme Whig.

S’il en fut ainsi, il aurait été bien étonné d’entendre raconter une autre anecdote qui était arrivée avant qu’il quittât Cambridge, et qui comportait une autre preuve de franchise dans la conduite comme dans le langage, et où l’on eût pu s’attendre à des égards tout particuliers, si jamais il arrivait que la politique d’un Tory ou les services les plus signalés, puissent donner lieu à un tel privilège. Le duc de W… avait deux fils à Oxford. L’affaire s’est passée il y a bien longtemps, et on n’a point à redouter de faire tort à aucun d’eux en disant qu’un de ces jeunes gens commit contre la discipline du collège une faute qui obligea (ou parut obliger) les autorités dirigeantes à censurer solennellement sa conduite. L’expulsion semblait être le châtiment que comportaient ses fautes, mais alors on eut quelque raison d’hésiter : non pas qu’il y eût la moindre servilité, mais parce qu’on cédait à un juste sentiment de considération pour un bienfaiteur public, tel que l’était