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Page:Régamey - Le Cahier rose de Mme Chrysanthème, 1894.pdf/28

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J’apprends qu’il va épouser cette petite sotte de O-Sen ; c’est Kan-Kou-rô — un vilain homme — qui s’occupe de ce mariage, et c’est demain qu’a lieu la présentation. Plusieurs personnes y assisteront et je m’arrangerai pour être là. Pourquoi ? Je n’ai plus à me cacher, maintenant que tout est convenu avec une autre.

Comment ai-je pu imaginer que ce passant pourrait avoir quelque chose de commun avec moi ! Il m’effrayait et m’attirait tout ensemble ; c’était comme une fascination.

Quand je l’ai aperçu pour la seconde fois, il suivait le petit chemin creux qui longe la maison ; j’ai eu juste le temps de me blottir derrière un arbre pour qu’il ne me vît pas. Il parlait avec animation, la main posée sur l’épaule d’un homme plus grand que lui ; cet homme semblait l’écouter avec déférence, bien qu’il hochât la tête parfois, de l’air de quelqu’un qui ne veut pas se laisser convaincre. Enfin ils quittèrent le chemin et disparurent dans le bois de bambous…



9 Juillet. — Je suis sa femme !… En vain je me répète ces mots, je ne puis y croire… Cela est, pourtant. Je n’en veux plus à Kan-Kou-rô, qui a fait cela, et je regrette d’avoir été méchante pour cette petite O-Sen, à qui j’ai été préférée. Elle était pourtant d’une élégance parfaite dans sa robe grise brodée de roses pâles et de papillons.

Sa femme ! Aujourd’hui j’entrerai avec lui dans la