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Page:Régamey - Le Cahier rose de Mme Chrysanthème, 1894.pdf/30

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vais le trouver beau à présent ! Il fallait l’assentiment de ma mère : il se chargea de l’obtenir ; mais c’était bien pour la forme, car la chère maman ne voit que par mes yeux et fait tout ce que je veux. D’ailleurs je vais avoir dix-neuf ans. Comme je suis vieille !

Avec quel bonheur j’ai consenti ! N’est-ce pas le hasard qui a tout fait, et comme je le bénis ce hasard ! Chacun s’est dit bonsoir et l’on s’est séparé.



10 Juillet. — Nuit splendide ; les étoiles brillent d’un éclat incomparable ; jamais les cigales n’ont chanté si allègrement… Je suis brisée.



11 Juillet. — Maintenant je vis dans mon rêve… De chez nous la vue est encore plus belle que de mon chez moi d’hier. La maison est enfouie dans la verdure ; le jardin est plein de fleurs, d’arbustes savamment disposés sur de menus mamelons, et un ruisselet d’eau limpide se contourne et se répand en minces cascades parmi les rochers moussus, montagnes en miniatures,

Ma chambre est telle que je la voulais : les kara-kamis sont éblouissants de blancheur, comme les nattes du plancher, les tatamis ; les poutrelles du plafond sont en bois rose, en hinaki, d’essence précieuse, merveilleusement veiné ; mon samisen est accroché au-dessus de la petite bibliothèque où sont