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Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/267

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la vie, ce qu’elle ne faisait jamais auparavant, où nous nous en tenions à un ton de camaraderie un peu superficielle. Qui sait, d’ailleurs, si elle s’est même aperçue de mon amour, de mon silencieux amour ?


J’ai reçu une lettre de Yves de Kérambel, qui m’annonce la mort de la tante Guillidic. La pauvre dame est trépassée le lendemain de mon départ pour Marseille. Il hérite d’une trentaine de mille livres de rente et d’un beau domaine en Algérie, dont l’étrange douairière avait caché soigneusement l’existence à son neveu. Le monde est vraiment plein de gens bizarres. Ma mère m’a écrit aussi une longue et tendre lettre. De son étroite vie provinciale, elle est heureuse de me savoir en ces beaux pays. Il en est un bien plus beau, ma mère, celui de l’amour et du bonheur, mais dans celui-là y entrerai-je jamais ? Suis-je de ceux qui parviendront à en forcer les portes d’or ?


Durant notre semaine napolitaine, nous sommes allés naturellement visiter Pompéi. J’ai été quelque peu déçu. Certes, Pompéi est un lieu unique en son extraordinaire conservation détruite, si l’on peut dire, mais Pompéi, il faut bien le reconnaître, est d’un