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Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/356

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dans les bras vulgaires d’une fille d’Afrique. Aussi, je veux que votre nom soit le dernier mot que j’écrirai sur le gros cahier de Néroli, Laure de Lérins, Laure…


À M. Jérôme Cartier, Burlingame.
(San Francisco. États-Unis).

25 juillet. En mer. — À bord du paquebot : l’Isly.

Mon cher Jérôme,

C’est en mer que je vous écris, et cette mer est comme je l’aime, c’est-à-dire parfaitement calme. Notre croisière, d’ailleurs, a été excellente à ce point de vue et on n’aurait pu souhaiter un plus beau temps que celui qui nous a favorisés depuis notre départ de Marseille. Nous avons cependant essuyé une espèce de tempête qui nous a surpris comme nous allions de l’île de Malte à l’île de Crète et qui nous a obligés à changer de route. L’Amphisbène qui nous portait a donc bien mérité son nom de serpent fabuleux, lequel marche aussi bien à reculons qu’en avant. Notre yacht a donc quelque raison de s’appeler ainsi, puisque, parti pour nous conduire à Candie, il nous a menés à Tunis. Ce petit événement nautique, dû au caprice des flots et à la volonté de M. Antoine Hurtin qui en a décidé ainsi, a eu pour conséquence une modification de l’itinéraire de notre voyage. Nous devions visiter les îles de l’Archipel et nous avons tout bonnement, au lieu de cela, longé les côtes de Tunisie et d’Algérie. Quoi qu’il en ait été, ces deux mois de navigation m’ont fait beaucoup de bien et vous me trouveriez, si vous pouviez la voir, une