Aller au contenu

Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avenue la continuait bordée de peupliers. De vieux sarcophages de pierre, vides, s’alignaient dans l’herbe haute où les pas avaient marqué un étroit sentier. On longeait à droite un mur dans lequel s’ouvrait une porte basse. Je tressaillis en la voyant. Elle donnait dans le jardin médicinal des Pères dont le couvent s’annonçait au bout de l’allée par un portail. Avant de continuer je m’approchai de la petite porte murale. Elle était massive et cloutée de fer. L’entrée de la serrure se façonnait en forme de cœur.

Arrivé au porche, je sonnai ; le portier m’introduisit dans le monastère. D’immenses corridors menaient à de vastes salles. Nous montâmes des escaliers ; le frère gardien relevait sa robe. Nous ne rencontrions personne. La chapelle où je n’entrai pas bourdonnait d’une psalmodie de psaumes. On me montra plusieurs cloîtres ; l’un d’eux, charmant, carré, plein de fleurs, habité de colombes. Elles se posaient sur les frises, comme un bas-relief naturel et engourdi.

De là on voyait le clocher de l’église. L’horloge y sonnait à même le temps. Un grand tournesol jaune se regardait dans l’eau profonde d’un puits et y mirait sa face d’ostensoir.